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De notre économie : Entre défis locaux et mondiaux

Limites physiques du développement industriel

Alors que la superficie limitée du territoire de Saint-Pierre et Miquelon (242 kilomètres carrés) représente un défi intrinsèque en termes de ressources, qu’elles soient naturelles ou humaines, le territoire est dans une dépendance externe aux ressources vitales importées, comme les produits alimentaires, les matériaux de construction, l’énergie… Les conditions climatiques, ainsi que la nécessité de préserver l’environnement naturel, jouent également un rôle crucial dans les limites de croissances industrielles ou agricoles. Les perspectives d’exportations et le développement d’initiatives à valeur ajoutée, basées sur la transformation de produits importés, se heurtent à des obstacles logistiques et à des répercussions environnementales sur l’empreinte au sol d’infrastructures.

Avant-tout territoire maritime, Saint-Pierre et Miquelon se trouve également confronté à des restrictions de sa Zone Économique Exclusive de pêche. Bien que des opportunités dynamiques aient été exploitées, telles que l’élevage de Saint-Jacques à Miquelon, la diversification de la pêche vers d’autres espèces ou encore l’écloserie de homards, ces initiatives semblent avoir du mal à atteindre une envergure comparable à celle d’avant le moratoire sur la pêcherie de morue de Terre-Neuve de 1992. La ressource maritime semble demeurer ancrée dans le secteur artisanal, et la production reste en deçà des quotas établis..

À l’échelle mondiale, en regard des crises écologiques et environnementales, la raison est tournée vers un déclin de la pêche industrielle, la biomasse de poissons restant à un état critique dans la ZEE de Saint-Pierre et Miquelon. De même les recherches pétrolières ou l’exploitation de nodules polymétalliques sont à considérer comme des utopies de croissance infinie plus ou moins climatosceptiques (rendement et impact environnemental des infrastructures)

Le secteur touristique représente un potentiel significatif pour l’archipel, tant sur le plan historique que naturel. Cependant, cette activité reste souvent saisonnière et dépendante d’investissements majeurs en termes d’infrastructures, qui demeurent en grande partie absentes, ainsi que de la volatilité des flux de croisiéristes et de la nécessité d’une promotion externe. L’archipel souffre également d’un manque de visibilité à ce niveau. Bien qu’un projet d’hôtel-casino ait été envisagé en 2009, les résultats et les implications éthiques de cette idée restent flous tout en soulèvant des interrogations quant aux ambitions de transformer Saint-Pierre et Miquelon en une sorte de “réserve indienne” articulant son économie autour de l’industrie du jeu d’argent.

Economie “après la pêche”

(sources : IEDOM)

En 2015, le produit intérieur brut (PIB) de Saint-Pierre-et-Miquelon atteignait 240 millions d’euros courants, où la consommation des ménages jouait un rôle essentiel, représentant 61,3 % du PIB, comparé à 52,0 % pour la France à la même période.

Au fil des années 1990, l’archipel a fait transition vers une économie de services, avec le secteur tertiaire prédominant (86,7 % des emplois en 2018 contre 81,0 % en 1999). Les emplois tertiaires sont majoritairement concentrés dans les administrations publiques, l’enseignement, la santé, et l’action sociale (57,0 % des emplois du secteur tertiaire en 2018). Le marché du travail est caractérisé par sa sécurité, principalement grâce à l’emploi public dominant (628 fonctionnaires en 2020).

L’économie locale est principalement orientée vers la consommation des ménages (61,3 % en 2015), avec une balance commerciale structurellement déficitaire. Les secteurs locaux dynamiques, tels que le BTP et les services, sont largement alimentés par le secteur public. L’exportation, principalement de produits de la pêche, est fortement dépendante des relations avec le Canada.

La démographie est en déclin depuis 1995, ce qui est désormais perçu comme un risque majeur, incitant les autorités publiques à promouvoir la vie sur l’archipel.

Deux scénarios se dessinent pour l’avenir. Dans le premier cas, l’État pourrait continuer son soutien pour maintenir ce mode de vie “étrange”, sans pour autant fournir un avenir durable à la population et sans motiver les jeunes à s’installer dans l’archipel. La deuxième option consisterait pour l’État à s’engager aux côtés d’opérateurs économiques, malgré les risques, en déployant des moyens et en développant une stratégie pour encourager le succès à long terme. Cela est un pari sur l’avenir, offrant aux habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon des raisons de croire en un avenir prospère.

Risques globaux :

Au delà des défis locaux, Saint-Pierre et Miquelon doit également faire face à des risques structurels et mondiaux qui peuvent influencer considérablement son développement économique. Les pandémies, comme celle de la COVID-19, ont démontré la vulnérabilité des économies mondiales, impactant sévèrement des secteurs tels que le tourisme et les échanges internationaux, des domaines qui revêtent une importance cruciale pour l’archipel. Les conflits armés et le réchauffement climatique représentent également des menaces potentielles qui pourraient avoir des conséquences directes sur l’infrastructure, la sécurité alimentaire, et la stabilité économique.

La volatilité croissante des prix des matières premières, de l’énergie et des denrées alimentaires, associée à l’instabilité des marchés mondiaux et à l’inflation, constituent un risque économique majeur pour un territoire dépendant largement des importations. Les subventions de l’État et de l’Union européenne, actuellement vitales pour certains secteurs, pourraient être soumises à des pressions budgétaires en cas de conjoncture économique mondiale défavorable. La disparition de ces soutiens pourrait avoir des implications significatives sur la stabilité financière de l’archipel.

La parabole impromptue du Qatar :

Le Qatar, en tant qu’exportateur de pétrole et de gaz naturel, bénéficie d’une richesse considérable qui lui permet de faire face à des déficits importants, y compris dans des domaines tels que l’alimentation. C’est une capacité de toutes les extravagances qui permet d’importer massivement des milliers de vaches par avion lorsque le lait manque ou encore d’investir dans des installations hydroponiques sophistiquées en plein désert…

Nous ne pourrons sans doute jamais devenir un Qatar… La leçon à tirer de cette comparaison impossible est que l’archipel, pour se doter d’une capacité de résilience face aux défis mondiaux, doit adopter une approche pragmatique, audacieuse et diversifiée. Seul le renforcement du secteur privé, de l’innovation et la création d’un environnement favorable aux entreprises locales peut permettre un futur prospère.

Conclusion

Pour sortir d’un climat économique anesthésié, dans un monde en mutation, pour tracer son chemin vers un avenir prospère, résilient face aux incertitudes, c’est avec vigueur que nous devons tourner notre regard vers la souveraineté économique et les investissements audacieux, les seuls capables de créer un équilibre économique et démographique durable.

Note Du Rédacteur : Cet article est le premier volet des trois thèmes qui nous ont fait “oser” le postulat fondateur de ce site sur l’industrie numérique. Nous vous invitons à poursuivre votre lecture : De notre histoire : Vision d’avenir à la lumière du passé

Cet article est sous licence CC BY 4.0 par l'auteur.

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